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Marrakech la ville rouge…D’ou vient ce surnom?

Pourquoi Marrakech est surnommée “la Ville rouge” ?
Marrakech est surnommée la « Ville rouge » en raison de la couleur caractéristique de ses bâtiments et remparts. Mais ce surnom cache une histoire bien plus riche, façonnée par la géologie, l’architecture et les dynasties successives qui ont marqué la ville depuis près d’un millénaire.
À la fois carrefour commercial et capitale impériale, Marrakech est un trésor architectural et culturel au cœur du Maroc. Depuis sa fondation par les Almoravides, elle séduit par l’uniformité de ses teintes rouges et ocre, emblématiques de son identité visuelle. Mais d’où vient exactement cette couleur ? Pourquoi a-t-elle été choisie et maintenue à travers les siècles ? Et quel rôle joue-t-elle encore aujourd’hui dans l’image de la ville ? Cet article vous plonge dans les secrets d’une couleur devenue symbole.
D’où vient la couleur rouge caractéristique de Marrakech ?
La teinte rougeâtre qui imprègne Marrakech ne doit rien au hasard : elle trouve son origine dans les matériaux de construction locaux, tirés directement du sol marocain. La ville est bâtie principalement avec un mélange de pisé (terre battue) et de pierres sédimentaires issues des contreforts de l’Atlas. Ces roches, comme les grès rouges et les argiles gréseuses, ont été déposées en milieu marin au cours de l’ère secondaire, puis modelées par les mouvements tectoniques de l’ère tertiaire. Cette ressource naturelle abondante a déterminé non seulement la couleur des édifices, mais aussi leur texture et leur apparence. Le pisé, mélangé à ces sédiments ferrugineux, confère aux murs de la médina cette teinte chaude et uniforme. C’est ce qui a valu à Marrakech son surnom de “Ville rouge” ou “Ville ocre”. Cette unité visuelle est renforcée par la réglementation urbaine actuelle, qui impose l’utilisation de cette palette pour préserver l’harmonie architecturale du centre historique.
Quand et pourquoi Marrakech a-t-elle adopté cette couleur pour ses bâtiments ?
L’adoption de la couleur rouge remonte à la fondation de Marrakech en 1062 par les Almoravides. Dès cette époque, les bâtisseurs utilisent la terre et les pierres locales, rouges par nature, pour élever remparts, mosquées et palais. Le premier à formaliser cette architecture ocre est le sultan Youssef ben Tachfine, qui fait ériger les célèbres remparts qui ceinturent encore aujourd’hui la médina. Cette teinte n’était pas seulement esthétique : elle avait aussi des vertus pratiques. En plus de sa disponibilité, la terre rouge absorbait la chaleur tout en gardant une relative fraîcheur à l’intérieur des habitations, ce qui était crucial dans un climat semi-aride. La couleur est donc née d’un mélange entre contraintes environnementales, matériaux disponibles et choix politiques visant à donner une identité forte à la ville. Au fil des siècles, chaque dynastie (Almohades, Saadiens, Alaouites) a renforcé cette image rougeâtre en poursuivant la construction avec les mêmes matériaux. La couleur est ainsi devenue un marqueur visuel de continuité et d’autorité.
Comment la couleur rouge est-elle devenue un symbole de l’identité marrakchie ?
Au-delà de son origine géologique, le rouge est devenu un véritable marqueur culturel et symbolique de Marrakech. Il évoque à la fois la chaleur, la passion et l’hospitalité, des traits souvent associés à l’esprit marocain. Mais ce symbole est aussi le fruit d’un effort politique et patrimonial conscient. Lorsque les Français établissent leur protectorat sur le Maroc en 1912, ils reconnaissent rapidement l’importance visuelle de la ville rouge. Le résident général Lyautey impose des règles strictes de préservation architecturale. Il est interdit de modifier l’aspect extérieur des bâtiments traditionnels, ce qui garantit la pérennité du style marrakchi. Cette politique est poursuivie après l’indépendance en 1956, quand le roi Mohammed V entame une restauration patrimoniale tout en modernisant l’infrastructure urbaine. Aujourd’hui, la couleur rouge est un élément central du branding touristique de Marrakech. Elle orne les brochures, les enseignes et les produits artisanaux, renforçant l’image d’une ville à la fois millénaire et authentique. Elle est aussi un repère visuel puissant pour les visiteurs, qui s’identifient à cette esthétique singulière.
Quel est l’impact de cette couleur sur le tourisme et l’économie locale ?
Le surnom de “Ville rouge” est devenu un atout touristique majeur. Il incarne à lui seul une ambiance, une lumière, une chaleur propre à Marrakech. Les visiteurs, attirés par cette esthétique unique, affluent pour photographier la médina baignée de lumière ocre, les remparts, les palais comme celui de la Bahia ou le Jardin Majorelle qui contraste élégamment avec le rouge dominant. Ce branding visuel a des retombées concrètes sur l’économie locale. Les agences de voyages, les hôtels, les riads et même les artisans misent sur cette couleur pour vendre une expérience “authentique” de Marrakech. Les teintes rouges sont omniprésentes dans l’artisanat local : poterie, textiles, objets décoratifs. Les autorités locales et le ministère du Tourisme ont bien compris cette force symbolique. Des campagnes de promotion mettent en avant cette couleur comme un patrimoine vivant, consolidant ainsi le positionnement de Marrakech comme destination culturelle incontournable. Grâce à cette cohérence visuelle, Marrakech est désormais classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, et sa renommée dépasse largement les frontières du Maroc
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