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Lettre ouverte – Marrakech, la ville abandonnée : ses habitants entre colère et désespoir

 

Ce cri du cœur n’a aucune couleur politique. Je m’en détache, car la politique telle qu’elle se pratique aujourd’hui ne m’intéresse absolument pas.

Nous assistons impuissants à un véritable marchandage de notre ville. Marrakech est devenue un terrain de spéculation, un produit que l’on découpe, que l’on vend, que l’on consomme… pendant que ceux qui portent des projets utiles et sincères se heurtent à l’indifférence.

Marrakech est victime. Victime de son image, victime de sa réputation. On parle de libération de fonciers, de mégaprojets, de rendements. Mais sur le terrain ? Rien ne suit. L’infrastructure est à bout de souffle. Les rues sont défoncées, sales, parfois dangereuses. On ne peut plus y circuler sans craindre un ravin ou un accident.

Et pour les familles ? Rien n’est pensé. Aucune aire de jeu digne de ce nom, aucun espace vert accueillant. Jadis, on venait à Marrakech pour se ressourcer, pour offrir aux enfants un souffle d’évasion. Aujourd’hui, on se tourne vers Casablanca, Rabat ou Tanger pour trouver un semblant de qualité de vie.

C’est la tristesse. C’est l’impuissance. C’est la colère.

Et j’ai cette impression étrange de déjà-vu. Comme si j’écrivais ce message chaque année. Avec à chaque fois les mêmes réactions : des likes, des partages, des commentaires indignés… puis plus rien. Le silence. L’oubli. Et la situation continue de se dégrader. Quand on pense avoir touché le fond, on découvre qu’il y a encore plus bas. Encore plus vide. Encore plus injuste.

Et quand on ose s’exprimer, on nous demande de nous taire. “Vous allez faire fuir les touristes”, dit-on. Comme si aimer sa ville était un crime. Comme si dénoncer les dérives équivalait à la trahir.

La peur a gagné du terrain. Peur des représailles, peur des étiquettes, peur d’être réduit au silence. Mais faut-il vraiment se taire alors que notre ville s’effondre ? Faut-il détourner les yeux alors que ses habitants perdent espoir ? Non. Trop, c’est trop.

Que ce message parvienne aux plus hautes sphères de décision. Qu’il perce le vernis des discours convenus et des visites bien orchestrées. Venez. Venez voir Marrakech. Marchez dans ses rues. Parlez à ses habitants. Écoutez la ville. Regardez-la : belle, fatiguée, abîmée, oubliée.

Marrakech mérite mieux. Ses enfants méritent mieux.

Ce qu’il faut, ce n’est pas une campagne de communication. Ce n’est pas un communiqué. Ce n’est pas une réunion de plus.

Ce qu’il faut, c’est une vraie mobilisation. Sincère. Collective. Courageuse.
Des actes. Des décisions. Une vision.

Pour que Marrakech retrouve la dignité, la beauté et la qualité de vie qu’elle mérite.

Marrakech n’a pas besoin de paillettes. Elle a besoin de respect.

IMANE RMILI  présidente de la Fédération nationale des restaurateurs touristiques (FNRT)

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