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Boualem Sansal condamné à 5 ans de prison en appel en Algérie

Boualem Sansal condamné à 5 ans de prison en appel en Algérie

L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, en prison en Algérie depuis sept mois, a été condamné en appel, mardi 1er juillet, à 5 ans de prison.

En appel, comme en première instance, le procureur avait requis dix ans de prison contre Boualem Sansal.

Boualem Sansal a été condamné ce mardi en appel à 5 ans de prison. Arrêté fin novembre à sa descente d’avion, l’écrivain franco-algérien avait été condamné en première instance au mois de mars à cinq ans de prison et à 500 000 dinars d’amende (3 500 euros). Les chefs d’accusation retenus contre lui sont « atteinte à l’unité nationale », « outrage à corps constitué », « pratiques de nature à nuire à l’économie nationale » et « détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays ». En appel, comme en première instance, le procureur avait requis dix ans de prison et le double de l’amende

Lors de sa comparution en appel, le 24 juin, l’écrivain s’était défendu seul, son nouvel avocat, Pierre Cornut-Gentille, n’ayant pas pu assister à ce procès faute d’obtention de visa. L’avocat parisien n’a pu arriver en Algérie qu’il y a quatre jours. Alger avait refusé l’assistance à Sansal de son premier avocat français, François Zimeray, jugé trop médiatique par les autorités algériennes.

Face à ses juges lors du procès en appel du 24 juin, l’écrivain s’était confronté aux accusations des magistrats, invoquant sa liberté de penser et de s’exprimer : « Je n’ai rien à dire. Je suis un homme libre. Je parle à tout le monde, et je parle en France, pas en Algérie. Je suis français et toutes mes déclarations ont été faites en France. » « On fait le procès de la littérature. Cela n’a pas de sens. La Constitution algérienne garantit la liberté de conscience, la liberté d’expression et d’opinion. Et, pourtant, je me retrouve aujourd’hui devant vous », avait conclu Sansal quand la juge lui demanda un dernier mot avant le réquisitoire du parquet.

Le procureur a reproché à Sansal son « ingratitude » vis-à-vis de l’Algérie : « Vous avez étudié, travaillé et été soigné en Algérie sans que cela trouve grâce à ses yeux », a-t-il asséné. Pour le parquet, les propos de Sansal « constituent une attaque contre la nation » et sont « condamnables par l’opinion publique ».

L’incarcération de l’écrivain a ajouté une couche supplémentaire à la crise entre Alger et Paris provoquée par le changement de position de la France sur le dossier du Sahara occidental fin juillet 2024. L’affaire Sansal est devenue, avec le temps et les crispations allant crescendo, le baromètre d’un bilatéral fiévreux, nourrie par les déclarations et les invectives de part et d’autre de la Méditerranée

Avant ce verdict, chacun retenait son souffle et Alger sondait les réactions de la partie française. Cette dernière a, ces dernières semaines, esquissé la posture du profil bas, notamment lorsque le groupe de députés UDR d’Éric Ciotti a retiré la proposition de résolution pour dénoncer les accords de 1968 et de 2013 à l’Assemblée nationale. Ciotti avait expliqué : « L’objectif pour nous est la libération de Boualem Sansal, une grande voix de paix, un grand écrivain, et dont nous avons aujourd’hui l’ardente obligation de soutenir le combat et d’éviter la poursuite du calvaire qu’il subit. »

Sa condamnation définitive ce mardi 1er juillet peut, paradoxalement, ouvrir la voie vers une issue salutaire dont seul le président algérien Abdelmadjid Tebboune détient la clé. La proximité de la date du 5 juillet, fête de l’indépendance notamment marquée par des mesures de grâces présidentielle, fait nourrir l’espoir d’une mesure « humanitaire » en faveur d’un écrivain âgé et malade. C’est ce qu’espèrent ses proches et ses amis… et ceux qui travaillent des deux côtés à sauver ce qui peut être sauvé des relations franco-algériennes

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