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Émeutes à Los Angeles Trump déploie la garde nationale

La Maison Blanche a annoncé samedi 7 juin le déploiement de 2 000 membres de la Garde nationale en Californie, dans un contexte d’émeutes anti-expulsions à Los Angeles. Les manifestations ont commencé dans la journée, alors que des résidents de la ville de la Côte Ouest américaine se sont opposés à des arrestations en masse menées par des officiers fédéraux de l’immigration.
Dimanche matin (dans la nuit de samedi à dimanche à Los Angeles), la Garde nationale n’avait été déployée dans aucun des lieux des émeutes dans le comté de Los Angeles, a indiqué le bureau du shérif de la ville californienne. «On nous a dit que la Garde nationale a été déployée, mais ce n’est pas le cas, ils ne sont pas encore sur le terrain», a déclaré le shérif adjoint Tracy Koerner. Le représentant du gouvernement fédéral en Californie du Sud a de son côté indiqué que les troupes de la Garde nationale seraient déployées dans les prochaines 24 heures, pour enrayer les émeutes désormais, selon lui, «incontrôlables». De leurs côtés, les autorités locales n’ont pas demandé de ressources supplémentaires et ont précisé que la situation était sous contrôle et que les forces de police de l’Etat continuaient à surveiller les manifestations à Los Angeles et à Paramount, une ville à environ 20 kilomètres de Los Angeles.
La police de Los Angeles a indiqué avoir procédé à l’arrestation de «nombreuses » personnes accusées de «rassemblement illégal» aux abords de la prison de Los Angeles.
Depuis son arrivée à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a promis de mener la plus importante expulsion d’immigrants des Etats-Unis de l’histoire. Ce dimanche 8 juin, des affrontements entre opposants aux expulsions massives étaient toujours en cours à Paramount, une banlieue hispanophone de Los Angeles.
Des vidéos montrent des manifestants brandir des drapeaux sud-américains et lancer des projectiles en direction de voitures de police aux gyrophares allumés, dans un nuage de fumée. Dans ce contexte, le président américain Donald Trump «a signé un mémorandum présidentiel prévoyant le déploiement de 2 000 gardes nationaux pour remédier à l’anarchie qu’on a laissé prospérer», a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, en rejetant la faute sur les dirigeants démocrates californiens «incapables».
Le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, régulièrement en proie aux attaques du dirigeant américain, a dénoncé une décision «volontairement incendiaire». Le président américain avait peu auparavant menacé d’une telle mesure, après une deuxième journée d’incidents.
Expulsions massives de migrants
«Si le gouverneur de Californie, Gavin Newscum, et la maire de Los Angeles, Karen Bass, ne peuvent pas faire leur travail, ce que tout le monde sait, alors le gouvernement fédéral interviendra et résoudra le problème», avait-il dit sur son réseau Truth Social, en désignant Newsom par un quolibet. L’épouse de ce dernier, Jennifer Siebel Newsom, a répliqué sur X en soulignant que les vagues de rafles d’immigrés instillent la peur en Californie, alors qu’ils sont «essentiels à la vie et au cœur de notre Etat». «Utiliser les manifestations pour justifier des expulsions représente un dangereux précédent», a-t-elle écrit.
Pour le deuxième jour consécutif à Los Angeles, des heurts ont opposé des manifestants, vent debout face aux expulsions massives de migrants illégaux dans le cadre de la politique lancée par M. Trump, et les agents fédéraux de la police de l’immigration (ICE). Ceux-ci ont tiré des grenades assourdissantes et plusieurs personnes ont été interpellées à Paramount.
«Nous épluchons les vidéos pour identifier les auteurs. Vous amenez le chaos, on apporte les menottes», a écrit sur X le directeur adjoint de la police fédérale (FBI), Dan Bongino.
Les troubles ont démarré samedi matin, lorsque des membres de l’ICE se sont rassemblés près d’un grand magasin de bricolage Home Depot, où des travailleurs viennent traditionnellement proposer leurs services pour la journée. Il n’est pas clair si les agents de l’ICE s’apprêtaient à arrêter des personnes sans papiers, ou s’ils se rassemblaient simplement à cet endroit en vue d’une autre opération.
Mais des manifestants ont commencé à se regrouper et le bureau du shérif a indiqué avoir déployé des agents sur place en fin de matinée alors que les tensions montaient. Des manifestants ont alors jeté des objets sur les forces de l’ordre et tenté d’empêcher un autocar de quitter les lieux. Les agents les ont repoussés à l’aide de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes.
«Tolérance zéro»
Des manifestants s’en sont également pris à un car de l’US Marshals Service qui sortait d’une autoroute voisine, conduisant les autorités à fermer les bretelles d’accès. Les rues ont été jonchées de débris et de caddies renversés, selon les images des médias américains qui ont rapporté aussi que des manifestants ont mis le feu à un drapeau américain.
Des incidents du même type s’étaient déjà produits vendredi à Los Angeles, où des manifestants avaient jeté des œufs sur des véhicules de l’ICE après que des agents eurent arrêté des sans-papiers.
Des images partagées sur X samedi par le chef de la police aux frontières Michael Banks, et relayées par Stephen Miller, un des proches conseillers de Donald Trump, ont montré des dizaines d’agents en tenue militaire kaki, armés et équipés de masques à gaz, faisant face à des manifestants.
«L’administration Trump applique une politique de tolérance zéro à l’égard des comportements criminels et de la violence, en particulier lorsque cette violence vise des agents des forces de l’ordre qui tentent de faire leur travail», a martelé Leavitt. Stephen Miller, après les incidents de vendredi, avait évoqué sur X «une insurrection contre les lois et la souveraineté des Etats-Unis».
Le ministre de la Défense, Pete Hegseth, a menacé de faire aussi appel à l’armée régulière basée non loin. Si nécessaire, les «Marines de Camp Pendleton seront également mobilisés. Ils sont déjà en état d’alerte», a-t-il déclaré sur les médias sociaux.
Pendant qu’il abreuvait son réseau Truth Social de messages alarmistes sur la situation à Los Angeles, Donald Trump a assisté à un combat de MMA (arts martiaux mixtes) non loin de Bedminster dans le New Jersey, où il possède une résidence et passe le week-end. Il était assis au premier rang, à côté, notamment, de son secrétaire d’Etat Marco Rubio, de l’ancien champion de boxe Mike Tyson, de son fils Eric Trump et de sa fille et son époux, Ivanka Trump et Jared Kushner.
Destructions inacceptables
Le gouverneur Gavin Newsom a appelé au retour au calme et regretté la décision de déployer la Garde nationale qui «est délibérément incendiaire et ne fera qu’aggraver les tensions». Le gouvernement fédéral intervient «non pas parce qu’il y a une pénurie de forces de l’ordre, mais parce qu’ils veulent du spectacle. Ne leur en offrez pas. N’utilisez jamais la violence. Exprimez-vous pacifiquement», a-t-il lancé à l’adresse des manifestants.
«Tout le monde a le droit de manifester pacifiquement, mais soyons clairs : la violence et la destruction sont inacceptables, et les responsables devront rendre des comptes», a pour sa part prévenu sur X la maire de Los Angeles, Karen Bass.
Le dernier déploiement de la Garde nationale en Californie pour des troubles civils remonte à 2020, à la suite des violentes émeutes provoquées par la mort de George Floyd, un Afro-Américain tué par un policier à Los Angeles.
Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président américain et son gouvernement ont multiplié les initiatives pour expulser un maximum de sans-papiers du pays, tout en cherchant à étendre leurs prérogatives en la matière.
Le ministère de la Sécurité intérieure a déclaré que les opérations menées par l’ICE à Los Angeles cette semaine avaient abouti à l’arrestation de «118 étrangers, dont cinq membres de gangs.
AFP

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